Rentrée universitaire 2020 : quelles mesures prises par les universités américaines?

En raison de la pandémie, les universités se voient obligées de prendre certaines mesures radicales afin de limiter la propagation du virus. Aussi, que ce soit Harvard, Brown, Yale ou encore le MIT, toutes ont fermé leurs portes début septembre. Initialement, seuls les étudiants n’ayant d’autres choix que de se loger sur le campus, compte tenu du fait que certains ne disposaient pas d’un environnement d’apprentissage adapté à leur domicile, ont été dans les premiers temps autorisés à rentrer sur le campus physique de l’université. A présent, c’est au compte-goutte qu’elles les accueillent afin de préparer un retour aux cours en présentiel. A leur arrivée, les étudiants ayant reçu un résultat positif au test du COVID-19 sont alors soumis à une quarantaine jusqu’à recevoir un résultat négatif. A Harvard, ces étudiants ont une chambre individuelle, une salle de bain commune et ne sont pas autorisés à entrer dans les bâtiments du campus, tandis que les étudiants vivant hors du campus ne sont pas autorisés à entrer dans les bâtiments, y compris ceux destinés au logement des étudiants.

A Yale, peu importe où se trouvaient les étudiants, tous ont pu être accueillis par le président et le doyen de l’université lors de l’assemblée d’ouverture qui cette année a originalement été faite sous forme de vidéo retransmise.

C’est donc en ligne que les étudiants suivront leurs cours pendant ce semestre si particulier à Harvard et à Yale. Quant à Northeastern, la direction a préféré un système hybride, où les étudiants ont chaque semaine le choix de suivre leurs cours en ligne ou en présentiel. Les universités font ainsi preuve d’inventivité que ce soit dans l’ajustement de leur programme pédagogique, ou dans la mise en place de protocoles de tests sur leurs campus.

Toujours à l’Université de Northeastern, chaque personne sur le campus doit se faire tester tous les 3 jours. Pour cela, ils doivent se présenter au Cabot Physical Education Center où chacun se voit remettre un test à effectuer soi-même. En revanche, pour les personnes présentant des symptômes du COVID-19, c’est au Huntington Testing Center que cela se passe. Les mesures sanitaires y sont beaucoup plus strictes. Dans ce centre, c’est le personnel médical (portant une combinaison de protection intégrale) qui se charge d’effectuer le test. Les échantillons de ces deux centres sont ensuite envoyés au Northeastern’s Life Sciences Testing Center, tout nouveau laboratoire certifié par les autorités fédérales dont l’inauguration s’inscrit dans la stratégie d’ouverture de l’université. Cette stratégie consiste à assurer la sécurité du campus de Boston en testant les étudiants, le corps enseignant ainsi que toutes personnes habilitées à entrer dans l’enceinte du campus. Dans ce laboratoire, tout le personnel est mobilisé pour analyser jusqu’à 5000 tests par jour, dont les résultats sont ensuite transmis dans les 36 heures. Les personnes dont le résultat est négatif le reçoivent par email, alors que les autres sont directement contactées par téléphone afin que l’on puisse leur expliquer en détails le déroulement de leur quarantaine (livraison de nourriture, isolement dans leur chambre, salle de bain non partagée…). Ils seront testés quelques jours plus tard et pourront ainsi se déplacer librement dès la réception d’un résultat négatif.

Sur le même schéma, d’autres universités ont également souhaité avoir leur propre programme de tests afin que leur campus puisse reprendre un fonctionnement normal. Parmi elles, on peut compter entre autres Harvard, Brown, Boston University et Princeton.

L’université de Tufts, quant à elle, a décidé de tester tous les étudiants de premier cycle revenant sur le campus, puis deux fois par semaine par la suite. Mesure sanitaire supplémentaire : les étudiants arrivant d’une autre région sont mis en quarantaine jusqu’à ce qu’ils aient reçu trois résultats de tests négatifs.

La plupart des universités restent transparentes vis-à-vis de leurs résultats de tests. De cette façon, l’évolution des résultats des tests effectués dans certaines universités (Northeastern, Boston University, MIT, Tufts et Harvard) peut être suivie en ligne au fil des jours. Ainsi, on peut observer que, pour toutes, leur taux de tests positifs reste très faible. Par exemple, à Harvard, sur les 7 derniers jours, 11 tests positifs ont été enregistrés sur les 11 186 au total[1].

Cependant, malgré tous les efforts mis en place par les établissements et les interdictions instaurées, certains étudiants décident de vivre pleinement leur vie étudiante. A Holy Cross, par exemple, un étudiant a été testé positif suite à une soirée en dehors du campus, contaminant ainsi certainement plusieurs autres personnes. A l’Université de Syracuse, même scénario avec un groupe d’étudiants en première année qui se seraient rassemblés. Suite à cela, l’université les a confrontés à un conseil de discipline.

A Northeastern, les sanctions ont été plus radicales, renvoyant ainsi 11 étudiants de première année après avoir été pris en train de violer les règles de distanciation physique. Ces derniers ne sont alors plus autorisés à suivre les cours depuis leur domicile pour ce semestre, mais pourront revenir au printemps.

Finalement, au 14 septembre, le New York Times comptait plus de 88000 cas positifs et 60 morts sur les 1190 campus à travers tous les Etats-Unis[2]. Parmi eux, on dénombre 436 cas positifs au COVID-19 dans les 42 universités à travers le Massachusetts depuis leur réouverture.

Une réouverture totale des universités de la Nouvelle-Angleterre semble donc encore difficilement envisageable compte tenu du comportement de certains étudiants remettant ainsi en cause les protocoles sanitaires mis en place.

 

Céline DUCLOS, Attachée adjointe pour la Science et la Technologie, [email protected]

 

 

[1] Ce nombre comprend les tests répétés par certains étudiants, professeurs, membres du personnel et autres personnes autorisées à être sur le campus selon les exigences du protocole de tests de l’université.

[2] Tous ces cas ne sont pas forcément des nouveaux cas, et cette augmentation est en partie due au fait que davantage d’écoles commencent à communiquer leurs résultats de tests de dépistage du coronavirus.

 

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