Une étude conduite par deux professeurs de l’école de gestion du MIT (MIT Sloan School of Management) révèle que si les entreprises fondées par les anciens élèves du MIT (alumni) formaient une nation, leurs chiffres d’affaire cumulés feraient de ce pays la 11ème économie mondiale. Cette étude [1], publiée par la Fondation Kauffman [2], a cherché à analyser l’impact économique, en termes de chiffres d’affaires et d’emplois créés, des entreprises créées par les anciens élèves du MIT qui sont encore de ce monde.
Selon estimations les plus optimistes, les 25 800 entreprises créées par les alumnis du MIT emploieraient quelque 3,3 millions de personnes dans le monde et génèreraient un chiffre d’affaires annuel global d’environ deux trillions de dollars, égalant ainsi le PIB du Brésil, 11ème puissance économique mondiale [3]. Rien qu’aux Etats-Unis, ces entreprises produisent plusieurs centaines de milliards de dollars de chiffre d’affaires et emploient des centaines de milliers de personnes, majoritairement en Nouvelle-Angleterre et en Californie.
Dans le Massachusetts, ce sont près de 7.000 entreprises qui ont été fondées par les alumnis du MIT. Elles emploient internationalement plus d’un million de personnes et réalisent un chiffre d’affaire annuel de 164 milliards de dollars, représentant ainsi pas moins de 26% du chiffre d’affaires des entreprises de l’Etat. En Californie, les anciens du MIT sont à l’origine de plus de 4.000 sociétés, employant 500.000 personnes et produisant quelque 134 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Les autres états les plus concernés par les retombées des sociétés des anciens du MIT sont les états de New York, du Texas et de la Virginie. Dans chacun de ces états, entre 100.000 et 250.000 emplois sont associés à ces entreprises.
Pour Edward Roberts, directeur du centre de l’entrepreneuriat au MIT [4], l’impact considérable de ces entreprises sur les écosystèmes locaux s’explique en partie par leurs activités à haute valeur ajoutée. Ces dernières sont généralement liées à de hautes technologies, notamment dans les domaines des logiciels ou des biotechnologies. Par ailleurs, la mise sur le marché des produits et services de ces entreprises est mondiale. A ceci s’ajoute la qualité du soutien et de la formation entrepreneuriale apportés par le MIT, notamment par le biais de l’école de gestion du MIT (Sloan School) et du centre de l’entrepreneuriat. Créé en 1996, ce dernier fournit aux étudiants, aux anciens élèves et aux chercheurs tous les outils nécessaires au lancement de jeunes pousses technologiques : non seulement la formation en entrepreneuriat, l’accompagnement de professeurs et d’entrepreneurs, mais aussi l’accès aux technologies, aux ressources et aux réseaux du MIT. De façon générale, les formations du MIT concernant la création d’entreprise mettent l’accent sur l’amélioration des capacités de communication des jeunes chercheurs et ingénieurs. En un discours de quelques minutes, ils doivent être en mesure d’attirer les faveurs des investisseurs pour leur projet d’entreprise technologique.
Autre fait marquant : l’effet d’aimant du MIT. Les alumnis du prestigieux Institut montrent en effet un attachement particulier à la région de Boston, alors que la plupart d’entre eux n’en sont pas originaires. Se sont en effet près de 31% des entreprises fondées par les anciens élèves qui se trouvent dans cet état. Par ailleurs, plus de la moitié des anciens étudiants étrangers du MIT, qui créent une entreprise, réalise leur projet sur le sol américain, contribuant ainsi à créer leurs premiers emploi et revenus. Comme raison principale de leur attachement à la région, les entrepreneurs mentionnent la proximité des différentes universités et particulièrement celle de leur ancienne institution, avec qui ils maintiennent un contact privilégié. Ils peuvent ainsi faire appel à tout moment aux réseaux d’anciens élèves, aux professeurs, aux étudiants et aux chercheurs du MIT. Ils sont donc également idéalement placés pour négocier des contrats de licence concernant de nouvelles technologies développées au sein de l’Institut, et ainsi nourrir les activités de R&D de leur entreprise.
Il est enfin intéressant de relever le lien fort entre les alumnis du MIT et l’Europe. Ceux d’entre eux qui n’ont pas choisi les Etats-Unis comme lieu d’implantation pour leur entreprise se tournent en priorité vers l’Europe, où ils ont créé 775 entreprises, principalement au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. Les chiffres montrent par ailleurs que les jeunes européens représentent la majeure partie (avec 36%) des anciens étudiants étrangers du MIT devenus entrepreneurs.
Au total, cette étude met ainsi en évidence l’importance économique du MIT sur le plan local. Elle souligne également le rôle central joué par la recherche universitaire et l’encouragement de l’entrepreneuriat technologique au sein du MIT. Qu’ils soient étudiants ou alumnis du MIT, les deux groupes contribuent à l’accélération de l’innovation et de la croissance dans la région de la Nouvelle-Angleterre.
Les résultats de cette étude font suite à celle récemment publiée par l’Université Harvard [5] qui s’attache à démontrer le rôle de l’Université en tant que système économique dans la grande région de Boston. Ces deux contributions interviennent alors que les établissements d’enseignement supérieur de l’état du Massachusetts sont susceptibles d’être soumis à un nouveau régime d’imposition foncière.
Source :
[1] Entrepreneurial Impact: The Role of MIT, Février 2009, Kauffman Fondation, https://www.kauffman.org/uploadedFiles/MIT_impact_brief_021709.pdf
Pour en savoir plus, contacts :
– [2] Fondation Ewing Marion Kauffman, https://www.kauffman.org/
– [3] Classement en parité de pouvoir d’achat pour l’année 2007,
source :
CIA World Factbook, 2008, https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/rankorder/2001rank.html
– [4] MIT Entrepreneurship Center, https://entrepreneurship.mit.edu/
– [5] Voir BE N°150 du 23 janvier 2009, "Petite leçon d’économie par Harvard" : https://www.bulletins-electroniques.com/actualites/57450.htm
Code brève
ADIT : 57995
Rédacteur :
Yann Le Beux, [email protected] et Antoine Mynard [email protected]