Parution du 4e rapport de consensus des National Academies : « Oil in the sea »

Les Académies Nationales de Sciences, Ingénierie et Médecine des Etats-Unis ont rendu public le 28 septembre 2022 leur 4e Consensus Study Report sur les sources, le devenir et les effets des pétroles en mer (Oil in the Sea IV: Inputs, Fates, and Effects), les rapports précédents ayant été produits respectivement en 1975, 1985 et 2003.

Ce travail, qui se veut donc représenter l’état du consensus scientifique sur la question, a été soutenu par l’American Petroleum Institute (instance de représentation des entreprises du secteur pétrolier, connue pour son lobbying actif vis-à-vis des décideurs publics), le Bureau of Ocean Energy Management, le Bureau of Safety and Environmental Enforcement, Fisheries and Oceans Canada, la Gulf of Mexico Research Initiative et le Medicine’s Presidents’ Circle Fund. Son comité d’experts comprend à la fois des membres d’agences fédérales (NOAA), d’universités et de l’industrie pétrolière (Shell, Chevron).

Le rapport est présenté comme prenant en compte les avancées de la recherche au cours des 20 dernières années, incluant l’étude des effets à long terme des catastrophes d’Exxon Valdez (1989) et Deepwater Horizon (DWH, 2010).

Une des principales affirmations du rapport est néanmoins que dans la zone Amérique du Nord (Etats-Unis, Mexique, Canada) sur laquelle porte l’étude, les contributions prédominantes à la pollution par le pétrole en mer sont les écoulements « chroniques » d’origine terrestre, induits par la densité de la population côtière et l’usage intensif des véhicules à moteur. Le rapport souligne dans le même temps le manque de collecte systématique de données sur cette source de pollution, et recommande une action spécifique sur ce point.

Sont listées en deuxième position les fuites « naturelles » des fractures et sédiments, et en troisième et quatrième positions seulement les marées noires et fuites en provenance des infrastructures (pipe-lines, raffineries côtières, installations offshore) et navires pétroliers.

Les premières recommandations portent donc sur l’amélioration des véhicules terrestres, suivies par les recommandations concernant les mesures de prévention des marées noires et d’atténuation de leurs effets.

Le rapport souligne le progrès des connaissances scientifiques sur les processus physiques, chimiques et biologiques en jeu dans la pollution pétrolière au cours des 20 dernières années, ainsi que sur ses effets sur les écosystèmes estuariens et sa toxicité à court et long terme.

Ces progrès ont notamment été permis par les financements mobilisés après la catastrophe DWH. Le rapport recommande toutefois à l’avenir un financement qui soit davantage continu et non au rythme des catastrophes pétrolières. Il dresse une liste de propositions de sujets et méthodes de recherche, incluant :

  • l’autorisation et le financement d’essais contrôlés de pétroles « réels » en environnement naturel  pour appréhender les effets qui ne peuvent pas être reproduits en laboratoire ;
  • des études plus approfondies sur le devenir des pétroles dans les écosystèmes arctiques ;
  • des études sur les effets des pollutions par les pétroles répondant aux nouvelles normes sur les basses teneurs en soufre pour la marine marchande ;
  • un travail systématique de revue, d’organisation et de mise à disposition de données existantes.

Rédacteur : Joaquim Nassar, Attaché pour la science et la technologie, Washington D.C.

Source : https://nap.nationalacademies.org/catalog/26410/oil-in-the-sea-iv-inputs-fates-and-effects

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