Le congrès annuel de l’association américaine des professionnels du transfert de technologies (AUTM) s’est tenu du 12 au 14 février 2009 à Orlando. Rassemblant plus de 1 500 personnes autour de deux sessions plénières et plus de 70 ateliers spécialisés, cette réunion a été l’occasion de faire un point, entre praticiens, sur la profession et ses enjeux.
== L’AUTM, un réseau puissant qui prend toute sa dimension lors du congrès annuel ==
L’Association des managers du transfert de technologies (AUTM) est la plus puissante association mondiale de cette profession. Bien qu’originaire des Etats-Unis, 15% des membres sont étrangers et la tendance à l’internationalisation va croissante. Avec plus de 3.560 membres, majoritairement universitaires, elle assure une mission de cohésion et de soutien du réseau, de formation des professionnels et de développement de services. Alors que la profession est estimée à quelque 10.000 personnes aux Etats-Unis, la représentativité de l’AUTM lui procure également une certaine influence sur toutes les questions d’innovation et de transfert de technologies aux Etats-Unis.
L’AUTM occupe une place centrale dans le milieu, à l’instar des outils et manuels qu’elle produit et qui sont devenus des références pour tous les professionnels. La réunion annuelle de 2009 avait pour thème "defining our profession" et a abouti à des débats de fond sur le rôle des professionnels du transfert de technologies. La diversité et la qualité des participants ont fait de cette édition un grand évènement résolument rassembleur et optimiste, malgré la conjoncture et une moindre assistance en comparaison des années antérieures (-25%). Les grands thèmes abordés cette année ont concerné : les évolutions et pratiques en matière de propriété intellectuelle, le financement de l’innovation et les relations entre les industriels et les universités. Ceux-ci ont été traités de manière relativement pragmatique, le plus souvent à base d’exemples, contrastant avec les sessions plénières au contenu plus analytique comme le passionnant discours de Henry Chesbourgh de l’université de Berkeley qui a présenté ses théories sur "l’innovation ouverte" et ses implications au niveau du traitement des activités de transfert.
== Les enseignements ==
La diversité des thèmes abordés ainsi que l’orientation des discussions plutôt centrées sur les retours d’expériences et les échanges de bonnes pratiques ont rendu l’exercice de synthèse passablement ardu. Cependant, trois lignes directrices semblent s’en dégager :
1/ La difficulté de définir la profession de gestionnaire des transferts de technologie des universités
Ce thème, cher à l’AUTM qui depuis quelques années cherche à formaliser le professionnalisme des cellules de valorisation a abouti sur un statu quo. En effet, le milieu dans lequel évoluent les professionnels du transfert de technologies est fondamentalement ouvert, évolutif, multidisciplinaire et international. Les compétences et les qualifications nécessaires à la profession ne paraissent pas compatibles avec un ordre professionnel et constituent sans doute une mauvaise réponse à la nécessité de faire face aux défis de l’innovation dans les universités. Il paraît important de discuter de la profession et de ses enjeux mais préjudiciable de trop vouloir l’encadrer.
2/ Le principe de subsidiarité
Les responsables de la valorisation des universités montrent d’une manière générale peu d’empressement à se tourner vers le Gouvernement fédéral pour les aider dans leurs tâches de transfert de technologie. Pour la plupart des congressistes, le développement de l’innovation constitue certes un défi majeur pour les Etats-Unis dans leur ensemble. Mais les réponses à ce défi sont de nature locale ou régionale. Cela explique les très nombreuses sessions consacrées aux expériences des uns et des autres pour stimuler l’innovation, construire des mécanismes régionaux (clusters) ou locaux (regroupement d’universités) destinés à assurer aux jeunes pousses des financements dans la période cruciale de leur développement, à construire des programmes, etc.
3/ Qui parle de crise ?
Alors que le pays vit un retournement de tendance économique spectaculaire, l’optimisme a été la règle pendant ces trois jours intensifs de discussions. L’AUTM est une association de praticiens qui ne semble pas s’inquiéter de la conjoncture économique ou qui du moins ne veulent pas céder à la panique ambiante. Les professionnels concèdent que le reflux des affaires dans leur activité est tout à fait temporaire et qu’elles sont appelées à reprendre prochainement. Foncièrement optimistes, ils estiment aussi que la pression sociale et économique est susceptible d’activer les leviers de l’innovation dans un objectif de relance.
En conclusion, l’AUTM a confirmé cette année sa position incontournable dans les domaines de la valorisation de la recherche. Elle contribue à assurer aux Etats-Unis leur leadership en matière de transformation des connaissances en innovations au sein des universités. Malgré cela, les professionnels du transfert de technologies américains n’envisagent pas l’avenir sans ouverture internationale. Ceux-ci se sont montrés très intéressés par les réformes et la manière dont évolue le tissu de l’innovation dans les pays européens et asiatiques. Ils expriment clairement des volontés de collaborations internationales. "L’innovation passe par la globalisation" semble être le nouveau mot d’ordre des professionnels américains ; à la communauté internationale de ne pas rater le coche…
Source :
Congrès annuel de l’AUTM – 12 au 14 Février 2009, Orlando
Pour en savoir plus, contacts :
Site de l’AUTM, https://www.autm.net/
Code brève
ADIT : 58136
Rédacteur :
Aline Charpentier, [email protected]