Célébration du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris à Atlanta

Nous détaillons ci-dessous les principaux points soulevés par les orateurs mais un enregistrement vidéo complet de l’événement est disponible :

Les perspectives de la politique américaine et l’Accord de Paris

Suite à l’annonce formulée par Donald Trump en 2017, le retrait des États-Unis de l’accord est effectif depuis novembre 2020. Néanmoins, le président élu Joe Biden a exprimé sa volonté de réintégrer les États-Unis à l’accord dès le premier jour de son mandat. Joe Biden s’appuiera sur une équipe gouvernementale d’experts pour porter ses ambitions sur le climat. Brian Murray, Professeur à Duke University, a ainsi cité les noms de trois personnalités annoncées dans l’administration Biden : John Kerry – ancien secrétaire d’État de l’administration Obama – sera nommé Envoyé Présidentiel pour le Climat auprès du Conseil de Sécurité National ; Janett Yellen – Professeure émérite en économie au sein des universités d’Harvard, de Berkeley et à la London School of Economics – sera proposée comme secrétaire d’État au trésor (elle promeut une taxe carbone au niveau fédéral) ; enfin Brian Deese – architecte de la position américaine lors de la COP21 – sera proposé à la tête du Conseil National Économique. Les nominations de Janett Yellen et Brian Deese devront faire l’objet d’une validation par le congrès. 

Brian Murray a ensuite énoncé quelques pistes stratégiques qui pourraient être suivies pour dessiner une trajectoire d’atténuation durable aux États-Unis :

  • renforcer les crédits d’impôts sur la production d’énergie renouvelable qui ont permis de rendre les sources d’énergies renouvelables compétitives, mettant l’énergie solaire à un coût d’exploitation net comparable à celui du gaz naturel et inférieur à celui du charbon ;
  • développer le réseau de stockage de l’énergie par batterie : ce réseau s’est agrandi de 700% entre 2019 et 2021, principalement grâce à la diminution des coûts de fabrication des batteries et à une politique incitative pilotée par la Commission Fédérale de Régulation de l’Énergie ;
  • développer la production d’hydrogène vert pour le transport et l’industrie via le procédé d’électrolyse alimenté par énergie renouvelable. Ce secteur représente déjà un marché de 600 milliards de dollars par an et devrait croître de 60% dans les cinq prochaines années ;
  • favoriser l’émergence des centrales nucléaires de nouvelle génération ;
  • créer des standards de reporting des émissions de gaz à effet de serre par les entreprises.

Le rôle de la science et des scientifiques dans la lutte contre le changement climatique

La seconde intervention était celle de Kim Cobb, climatologue de renommée internationale, Professeure au sein de l’École des Sciences de la Terre et de l’Atmosphère au Georgia Institute of Technology. Kim Cobb a ouvert son allocution avec le constat que depuis l’adoption de l’Accord de Paris en 2015, la planète a vécu les quatre années les plus chaudes de son histoire en 2015, 2016, 2019 et 2020.

Les recherches de Kim Cobb portent, entre autres, sur l’évolution de la température des océans, notamment à travers la croissance des coraux tropicaux. Les écosystèmes récifaux sont parmi les plus sensibles aux changements de températures. En 2015, un événement El Nino particulièrement prononcé a entraîné la mort de 95% des coraux sur un site d’étude de Kim Cobb, sur l’atoll de Kiritimati dans l’archipel de Kiribati. Images à l’appui, Kim Cobb a illustré les effets à court terme du changement climatique global. L’augmentation de la fréquence et de la sévérité des événements climatiques extrêmes comme les ouragans, les feux de forêts ou les inondations en sont une autre illustration. 

S’appuyant sur le rapport spécial du Groupe Intergouvernemental d’Experts sur le Changement Climatique de 2018 sur les conséquences d’un réchauffement global à 1,5°C, Kim Cobb a proposé de retenir les points suivants :

  • la courbe d’atténuation des émissions CO2 devrait viser un objectif de neutralité à l’horizon 2040 pour avoir de bonnes chances de rester en deçà des 1,5°C de réchauffement (68% de confiance) ;
  • en respectant ces trajectoires, les recherches scientifiques indiquent qu’un refroidissement de la planète pourrait commencer dès 2050.

Les effets du changement climatique sont donc réversibles à moyen terme en l’état des connaissances scientifiques, à condition de définir et de suivre des stratégies d’atténuation ambitieuses.

Rédacteur : Yann Méheust, Attaché adjoint pour la Science et la Technologie, Consulat de France à Atlanta, [email protected].

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