Catherine Dulac, lauréate du Breakthrough Prize en sciences de la vie 2020

Catherine Dulac est chercheuse au Howard Hughes Medical Institute et professeure au département de Biologie cellulaire et moléculaire de l’Université de Harvard à Cambridge, Massachusetts.

Elle étudie depuis sa thèse les fonctions des cellules dans le cerveau, et dans le cadre de l’initiative BRAIN du NIH, Catherine Dulac et sa collègue Xiaowei Zhuang travaillent plus spécifiquement sur un projet de cartographie des cerveaux de souris. Ce projet, financé à hauteur de 65,5 millions de dollars par l’initiative BRAIN, a pour objectif d’identifier et de localiser les différents types de cellules dans le cerveau des souris afin de mieux comprendre comment cet organe se développe, fonctionne, et de quelle façon les maladies affectent ces cellules.

Spatially oriented neurons (mouse brain) / Credit: Michael Shribak, Marine Biological Laboratory, Woods Hole, MA

Catherine Dulac avait déjà remporté à l’unanimité le prix Richard-Lounsbery en 2006, qui récompense les réalisations remarquables de savants français et américains en biologie et en médecine, pour sa contribution sur la perception des phéromones chez les mammifères et leur traduction en terme de comportements. Ses expériences chez les souris indiquent que les mâles et femelles ont des neurones spécifiques, présents dans l’hypothalamus, qui peuvent être activés ou inactivés, responsables de leur comportement parental. Cette zone est naturellement activée chez les femelles, avant même d’avoir donné la vie ; alors que ces mêmes neurones chez les mâles sont naturellement désactivés jusqu’à avoir un comportement reproducteur (après lequel ils développent également un comportement parental).

Les comportements parentaux chez le mâle et la femelle sont déclenchés par le besoin de protéger et de s’occuper de souriceaux. En l’absence de comportement parental, les mâles ont même des comportements infanticides envers les souriceaux (ils les attaquent et essaient d’éliminer la progéniture des rivaux mâles). Ce sont ces découvertes, qui ont permis à la communauté scientifique de mieux comprendre la flexibilité du cerveau humain et des primates et démontré l’existence de mécanismes de contrôle qui permettent d’activer ou non certaines fonctions à certains moments en fonction des besoins, lui ont valu sa nomination le 10 septembre dernier pour le Breakthrough Prize en sciences de la vie, d’un montant de 3 millions de dollars. Elle est la 8ème française à obtenir ce prix, qui est le plus lucratif dans les domaines des mathématiques et de la science.

Les Breakthrough Prizes ont été fondés en 2012 par Sergey Brin (co-fondateur de Google), Priscilla Chan (pédiatre) et Mark Zuckerberg (co-fondateur de Facebook), Yuri (co-fondateur de Mail.Ru Group) et Julia Milner, et Anne Wojcicki (co-fondatrice de 23andMe). Ces prix récompensent tous les ans des chercheurs pour leurs découvertes dans 3 secteurs : jusqu’à 4 en sciences de la vie, 1 en mathématique et 1 en physique fondamentale. Ils sont souvent qualifiés d’ « Oscars de la science » en raison de leur forte médiatisation et le prestige à la clé pour les lauréats. En complément de ces six prix de 3 millions de dollars chacun, six autres, nommés New Horizons Prizes, sont attribués à des scientifiques en début de carrière, dont les travaux ont déjà suscité un fort intérêt dans leurs domaines.

 

Rédactrice :

Sarah Vadillo, Attachée adjointe pour la Science et la Technologie, [email protected]

 

 

Pour aller plus loin :

https://news.harvard.edu/gazette/story/2017/11/harvard-researchers-among-those-receiving-more-than-150m-from-nih-brain-initiative/

https://www.nature.com/articles/d41586-020-02586-w

 

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