Bulletin d’actualité Espace n°20-04

 

Bulletin d’actualité rédigé par le Bureau du https://fscience-old.originis.fr/wp-content/uploads/2023/06/GLOC_Oslo_Norway_S2_27juillet2022_web-2-1.jpg à Washington D.C. (Amaury Carbonnaux, Edouard Lallouette, Nicolas Maubert)

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Personalia

Le National Space Council s’élargit
Space News, 14 février 2020
Au travers d’un décret présidentiel, la Maison Blanche a intégré trois nouveaux membres au National Space Council, organe de l’Exécutif rétabli par le Président Trump en 2017 en charge de la politique spatiale américaine sous la présidence du Vice-Président Mike Pence. Les nouveaux membres sont :

  • Dan Brouillette, Secrétaire à l’Energie ;
  • Larry Kudlow, Assistant du Président pour la Politique Economique et Directeur du National Economic Council ;
  • Joseph Grogan, Assistant du Président pour la Politique Intérieure et Directeur du Domestic Policy Council.

Pour mémoire, la dernière réunion du National Space Council a eu lieu en aout 2019 (sixième réunion), à la suite de laquelle le Président Trump a promulgué un décret présidentiel relatif à l’utilisation des systèmes de propulsion nucléaires dans l’espace. A noter que dans le cadre de cette réunion, Dan Brouillette, Secrétaire à l’Energie, était intervenu en tant qu’invité pour mettre en avant les synergies de son Département dans le secteur spatial, notamment en matière de recherche nucléaire.
La prochaine réunion du National Space Council est prévue le 24 mars prochain au Glenn Research Center de Cleveland dans l’Ohio.

Melanie Saunders nommée Directeur Financier de la NASA
Space News, 19 février 2020
M. Saunders était adjointe à l’administrateur associé Steve Jurczyk depuis juin 2018 après une longue carrière au Johnson Space Center. Sa nomination par la NASA doit encore être validée par le Sénat. Le précédent Directeur Financier de la NASA Jeff DeWit, en place depuis le 15 mars 2018, a démissionné de façon innattendue la semaine dernière. Il avait été COO (Chief Operations Officer) et CFO (Chief Financial Officer) de la campagne de Donald Trump en 2016.
A noter que depuis la prise de fonction de Jim Bridenstine en avril 2018, Thomas Zurbuchen est le seul des quatre chefs de directions à être encore en place.

Politique

Ted Cruz dubitatif au sujet du budget 2021 et des lois d’autorisation de la NASA
Space News, 27 février 2020
Dans le cadre d’un évènement tenu par la Space Transportation Association au Congrès, le sénateur républicain du Texas Ted Cruz, Président de la sous-commission Espace du Sénat, a fait part de son inquiétude concernant la requête budgétaire de la NASA pour l’exercice 2021 et les lois d’autorisation actuellement en évaluation au Sénat et au Congrès. Le sénateur estime que le contexte électoral actuel avec les primaires présidentielles pourrait porter préjudice au processus d’appropriation et d’autorisation du Congrès. Ted Cruz a fait l’éloge d’une requête budgétaire ambitieuse présentée par la NASA avec un budget de 25,2 Md$ pour 2021, mais a douté de la capacité du Congrès à finaliser une loi d’appropriation cette année : « I don’t know if Congress, in this broken political environment, will have any appropriations […] It is entirely possible that we don’t see any appropriations passed in 2020 ».
En novembre dernier, la commission Commerce du Sénat avait introduit un projet de loi d’autorisation de la NASA soutenant largement les ambitions d’exploration humaine de la NASA. En janvier, la commission Science de la Chambre a également introduit un projet de loi d’autorisation qui diffère fortement de celui du Sénat, avec une réduction de la participation du secteur privé au programme Artemis et un focus sur l’exploration humaine de Mars plutôt que la Lune. Ted Cruz estime que les différences entre les deux projets de loi sont trop importantes et partisanes pour être réconciliées dans un texte final : « If [House members] treat space as a partisan football, they will destroy the bipartisan cooperation that we’ve had going for a number of years. »

Budgets

Un budget en hausse pour le bureau des affaires spatiales de la FAA dans la requête 2021
Space News, 13 février 2020
L’Office of Commercial Space Transportation (AST) de la FAA a demandé un budget de 27,55 M$ (à comparer au budget de 26 M$ alloué en 2020) dans le cadre de la requête budgétaire 2021. L’Administrateur Associé de la FAA en charge des affaires spatiales, Wayne Monteith, a indiqué que cette augmentation était nécessaire pour :

  • Faire face à une hausse anticipée des demandes de licences pour des lancements commerciaux ;
  • Poursuivre les efforts en matière de modernisation de la réglementation relative aux licences de lancements commerciaux, en vue de la promulgation d’une réglementation finale d’ici la fin de l’année ;
  • Compléter une réorganisation interne du bureau, avec notamment le recrutement de neuf employés supplémentaires.

Sécurité et Défense

Opération promotion des lanceurs réutilisables par Elon Musk auprès du futur personnel de l’U.S. Space Force 
Space News, 28 février 2020
Pour sa première apparition à une conférence militaire depuis la mise sur pied de l’U.S. Space Force, Elon Musk a argué, lors du symposium d’hiver annuel de l’Air Force Association que les lanceurs réutilisables, notamment le Starship de SpaceX, représentaient une innovation fondamentale et essentielle afin de réaliser les ambitions spatiales américaines et rester en avance sur la Chine. L’auditoire était largement composé d’aviateurs de l’U.S. Air Force en attente de leur mutation vers la nouvelle armée.

Northrop Grumman fournira une charge utile de communications cybersécurisées à l’USSF
Space News, 13 février 2020
Le Space and Missile Systems Center de l’U.S. Space Force a annoncé le 12 février avoir sélectionné Northrop Grumman pour développer un prototype pour sa composante spatiale du programme Protected Anti-jam Tactical Satcom (PATS). Le contrat d’un montant de 253,5 M$ s’inscrit dans le cadre du programme Protected Tactical Satellite Communications (PTS) initié par l’USSF en 2018.
Au total, le programme PTS prévoit le financement de quatre prototypes de charges utiles déployés en orbite géosynchrone pour tester leur compatibilité avec les terminaux de satellites de télécommunications militaires. Les deux premiers devraient être lancés en 2024 pour des démonstrations en orbite pendant trois à cinq ans.
Pour mémoire, le programme PTS a pour objectif de fournir des satellites de télécommunication performants aux agences gouvernementales et aux forces armées (opérateurs tactiques) afin de les rendre moins dépendantes des satellites Advanced Extremely High Frequency (AEHF), ces derniers étant réservés aux opérations stratégiques comme la dissuasion nucléaire.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-03.

Le nouveau plan d’acquisition des services de télécommunication par satellite de la Défense confié à l’USSF
Space News, 19 février 2020
Le mode d’acquisition des services de télécommunication par satellite du Department of Defense (DoD) avait été confié en 2018 par le Congrès à l’Air Force Space Command, devenu l’USSF le 20 décembre 2019. Ce dossier n’étant toujours pas réglé, l’USSF va nommer une équipe d’experts pour développer une architecture réunissant les réseaux des satellites de télécommunication militaires et commerciaux via le plan « United States Space Force Vision for Satellite Communications ». Ce plan a été approuvé le 23 janvier par le Général John Raymond, Chief of Space Operations de l’USSF.
Cette réorganisation, nommée « Fighting Satcom » par l’USSF et pour laquelle 43 M$ ont été identifiés dans la requête budgétaire 2021, permettrait aux terminaux des satellites de télécommunication de jongler entre les différents réseaux satellitaires sans interruption, à l’instar des téléphones cellulaires changeant d’opérateur de réseau téléphonique pendant leurs déplacements. Cependant une difficulté majeure réside dans l’absence de standards pour les systèmes de télécommunication par satellites et la faible quantité de terminaux utilisateurs, à l’inverse des réseaux terrestres.
Pour résoudre ce problème, l’USSF souhaiterait mettre en place une gestion centralisée des acquisitions en lieu et place des acquisitions multiples des différentes entités gouvernementales. Cette approche permettrait d’assurer :

  • Un contrôle des prix ;
  • La comptabilité des terminaux militaires avec les satellites commerciaux ;
  • Le remplacement de la constellation WGS du DoD dans le courant de la décennie ;
  • La cybersécurité dans ce réseau.

Malgré un assouplissement des règles, la compétition du DARPA Launch Challenge n’aura pas de vainqueurRetour ligne automatique
Cf. Lanceurs

Lancements

La NASA choisit le Falcon Heavy de SpaceX pour lancer Psyche
Space News, 28 février 2020
La NASA a sélectionné le Falcon Heavy de SpaceX pour lancer la sonde d’exploration d’astéroïde Psyche pour un montant de 117 M$. Le lancement devrait avoir lieu en juillet 2022 depuis le Kennedy Space Center à Cap Canaveral. Il s’agira pour la NASA de la première utilisation du Falcon Heavy en charge utile principale.
Une fois lancée, la sonde effectuera une assistance gravitationnelle auprès de Mars en 2023 pour se placer en orbite autour de plus gros astéroïde de la ceinture entre Mars et Jupiter, du même nom que la sonde Psyche. L’étude de cet astéroïde devrait permettre d’en apprendre davantage sur la formation du Système Solaire.
La sonde Psyche, développée dans le cadre du programme Discovery, sera lancée avec des compagnons de vol, notamment deux petits satellites d’exploration de la NASA : EscaPADE (Escape and Plasma Acceleration and Dynamics Explorers) pour l’étude de l’atmosphère de Mars, et Janus pour l’étude d’un système d’astéroïdes binaire.
Pour mémoire, la NASA avait choisi l’Atlas V de ULA en janvier 2019 pour lancer la sonde Lucy à destination des astéroïdes troyens de Jupiter (deuxième mission sélectionnée par la NASA dans le cadre de Discovery). SpaceX avait contesté la décision auprès du GAO (Government Accounatbility Office) estimant être en mesure de lancer la sonde pour un prix plus compétitif que les 148 M$ octroyé à ULA. SpaceX a retiré sa plainte en avril dernier et s’est depuis vu octroyer plusieurs contrats de lancement par la NASA, notamment :

  • Le lancement de la sonde d’astrophysique IXPE à bord d’un Falcon 9 en avril 2021 ;
  • Le lancement de la sonde DART à bord d’un Falcon 9 en juin 2021 ;
  • Le lancement du satellite PACE (Plankton, Aerosol, Cloud, ocean Ecosystem) à bord d’un Falcon 9 en décembre 2022.

Lancements à venir

Date Mission Client Orbite Lanceur Entreprise Site
7 mars CRS-20 NASA ISS Falcon 9 SpaceX Cap Canaveral (Floride)
14 mars Starlink (x60) SpaceX LEO Falcon 9 SpaceX Cap Canaveral (Floride)
19 mars AEHF 6 Department of Defense GTO Atlas V 551 ULA Cap Canaveral (Floride)

Lanceurs

Northrop Grumman complète avec succès des tests de mise à feu statique du lanceur OmegA
Parabolic Arc, 27 février 2020
Northrop Grumman a mené avec succès le 27 février un test de mise à feu statique du système de propulsion du deuxième étage de son lanceur lourd « OmegA » en cours de développement. L’étage du lanceur a effectué une mise à feu complète de 140 secondes, brûlant quelque 154 tonnes d’ergol solide et produisant presque 3 500 kN de poussée. Le test a notamment permis de vérifier et valider les performances balistiques, thermiques et directionnelles du véhicule. L’entreprise prévoit d’effectuer un premier lancement orbital de certification début 2021.
Pour mémoire, Northrop Grumman développe le lanceur OmegA dans le cadre du programme National Security Space Launch de l’U.S. Space Force en soutien aux lancements des charges utiles de la Défense par des véhicules américains ne recourant pas à des moteurs RD-180 russes. En octobre 2018, l’U.S Air Force avait octroyé dans le cadre de la phase 1 du programme NSSL un montant de 792 M$ à Northrop Grumman pour certifier OmegA aux spécificités militaires (les sociétés ULA et Blue Origin ont également reçu des montants respectivement de 967 M$ pour le Vulcan et 500 M$ pour le New Glenn). Seules deux entreprises seront choisies en juillet 2020 pour se répartir l’ensemble des 34 lancements de l’U.S. Air Force entre 2022 et 2026, avec une répartition de 60/40.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-35.

Explosion du Starship SN1 lors d’un test de pressurisation à l’azote liquide
Space, 1er mars 2020
Cet essai (vidéo) s’est déroulé le 28 février sur le pas de tir de SpaceX à Boca Chica (Texas).
Starship SN1 est le premier exemplaire d’une série de prototypes destinés à tester des sous-systèmes dans le cadre du développement du Starship.
Pour mémoire, le premier prototype grandeur nature du Starship, nommé Mk. 1, avait également explosé durant un essai de pressurisation cryogénique en septembre 2019.

Malgré un assouplissement des règles, la compétition du DARPA Launch Challenge n’aura pas de vainqueur
Space News, 18 février 2020
Space News, 2 mars 2020

La société Astra l’unique compétiteur restant en lice pour le DARPA Launch Challenge n’a pas été en mesure d’effectuer son premier lancement avant l’échéance du 2 mars imposée par la DARPA. L’entreprise a interrompu le lancement de son Astra-1 à 55 secondes de la mise à feu en raison d’une alerte du système de navigation.
A l’approche du premier lancement d’Astra, la DARPA avait pourtant pris la décision de changer les règles de sa compétition lancée en 2018 pour faciliter son déroulement. Alors qu’était imposé initialement que les compétiteurs devaient effectuer deux lancements depuis deux pas de tir différents, avec un préavis de quelques semaines, la DARPA avait finalement donné son accord pour que les deux lancements soient effectués depuis le même port spatial de Kodiak Island en Alaska (Pacific Spaceport Complex). Cette décision devait permettre à Astra de se focaliser sur les lancements plutôt que de se préoccuper des aspects logistiques et administratifs associés au changement de port spatial. La DARPA prévoyait de récompenser Astra à hauteur de 2 M$ pour un premier lancement orbital réussi dans ces conditions, et à hauteur de 10 M$ supplémentaires en cas de succès des deux lancements consécutifs.
L’interruption du lancement de sa fusée le 2 mars a acté la fin de la compétition, sans vainqueur. La société a indiqué qu’elle retentera un lancement orbital test dans les semaines à venir, avec une charge utile d’un acteur privé en remplacement des charges utiles fournies par la DARPA.
Si cette compétition était importante pour la DARPA qui depuis plusieurs années souhaite démontrer des capacités de lancements rapides à court préavis pour les besoins de la Défense, l’entreprise Astra a indiqué que l’avenir de la société n’était pas compromis suite à cet échec.
Le lanceur Astra-1 est un petit lanceur mesurant 11,6 mètres de haut pour 1,3 mètres de diamètre avec la capacité de placer une charge utile de 25 kg en orbite héliosynchrone. Pour son premier lancement, Astra-1 devait emporter quatre « cubesats » et une charge utile hébergée :

  • Un cubesat du Département de la Défense « Prometheus » ;
  • Trois cubesats conçus par l’Université de Floride Sud « Articulated Reconnaissance and Communications Expedition-1 (ARCE-1), qui voleront ensemble pour démontrer des connexions inter-satellitaires ;
  • Une charge utile de Tiger Innovations « Space Object Automated Reporting Systems » (SOARS), balise de soutien pour la connaissance de l’environnement spatial.

La DARPA n’a à ce jour pas prévu de mener une future édition de cette compétition.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-03.

Relativity Space déménage à Long Beach
Space News, 28 février 2020
L’entreprise Relativity Space qui ambitionne de développer des lanceurs légers avec des procédés d’impression additive, déménage de ses locaux de Los Angeles vers une nouvelle usine agrandie à Long Beach en Californie. L’entreprise rejoint ainsi d’autres acteurs de l’industrie spatiale localisés à Long Beach, dont Virgin Orbit, SpinLaunch et Rocket Lab.
Le nouveau site de Relativity devrait être en mesure d’accueillir à terme quelque 300 employés, soit le double de leurs effectifs actuels, et de mener la production du lanceur Terran-1 que l’entreprise développe. L’entreprise prévoit de procéder à un premier lancement orbital de son Terran-1 en 2021 depuis un pas de tir en cours de développement au Launch Complex 16 à Cap Canaveral.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-33.

Spatioports

Mise à jour de l’analyse d’impact environnementale des lancements de SpaceX en Floride
Space News, 27 février 2020
L’Office of Commercial Space Transportation de la Federal Aviation Authority (FAA) a publié une mise à jour de l’analyse d’impact environnemental (draft environmental assessment) des activités de lancements Falcon-9 et Falcon Heavy de SpaceX depuis le Launch Complex 39A (LC-39A) du Kennedy Space Center et du Space Launch Complex 40 (SLC-40) de Cape Canaveral Air Force Station.
Cette mise à jour fait suite à l’annonce de SpaceX de multiplier ses lancements depuis la Floride :

  • 38 lancements prévus en 2020 dont :
    • 30 depuis le SLC-40 ;
    • 8 depuis le LC-39A ;
  • 70 lancements prévus en 2023 dont :
    • 50 depuis le SLC-40 ;
    • 20 depuis le LC-39A.

Pour mémoire, SpaceX a effectué 15 lancement depuis la Floride en 2018, année record.
L’analyse intègre les lancements vers les orbites polaires et héliosynchrones depuis la Floride, autrefois lancés depuis la Californie à Vandenberg Air Force Base. Cette nouvelle capacité où la trajectoire des lanceurs longe la côte suscite des inquiétudes. Le premier lancement dans cette direction est attendu pour le 30 mars avec le satellite à imagerie radar argentin SAOCOM 1B à bord d’un Falcon 9 depuis le SLC-40.
D’autre part, le rapport adresse la Mobile Service Tower (MST) que SpaceX propose de construire (date inconnue) au LC-39A pour de futures intégrations verticales de charges utiles des missions de sécurité nationale. Haute de 86,5 m et large de 36 m, elle se déplacerait sur des rails depuis le lieu d’intégration du lanceur vers un lieu de lancement 40 m plus loin.
A noter cependant que l’analyse ne prend pas en compte les futurs lancements du Super Heavy.

Station Spatiale Internationale et Vol Habité en Orbite Basse

SpaceX s’associe à Space Adventures et Axiom pour envoyer des touristes dans l’espace
Space Policy OnlineSpace News, 18 février 2020
Space News, 5 mars 2020

SpaceX a récemment conclu des accords avec Space Adventures et Axiom pour organiser des voyages touristiques dans l’espace et à bord de la Station Spatiale Internationale.
Dans le cadre de l’accord avec Axiom, SpaceX prévoit d’emporter quatre personnes vers la Station Spatiale Internationale (un astronaute de la société Axiom et trois astronautes privés) pour un séjour de dix jours à bord de la Station. La mission planifiée pour le deuxième semestre 2021 marque le début d’une campagne commerciale de tourisme spatial à bord de la Station que l’entreprise ambitionne. Récemment, la NASA a autorisé Axiom à accéder au module d’accès du module Harmony pour y mener des développements commerciaux. Ainsi, Axiom prévoit d’y attacher un module commercial équipé de ports d’amarrage et d’un « Observatoire de la Terre » (version élargie de la coupole de la Station) d’ici 2024, suivi d’un module d’habitation en 2025 et d’un module de recherche et de production en 2026. A terme lorsque la Station sera démantelée, ce « segment Axiom » pourra voler de manière autonome.
Dans le cadre de l’accord avec Space Adventures, les quatre voyageurs privés ne s’arrimeront pas à l’ISS mais resteront sur une orbite d’environ 1 000 km d’altitude (plus de deux fois l’altitude atteinte par des touristes) pendant cinq jours (montant non rendu public mais la NASA a révélé qu’elle pourrait payer 55 M$ par siège pour ses astronautes). Quelques semaines d’entraînement aux Etats-Unis seront requises avant d’embarquer pour ce vol autonome fin 2021/début 2022 qui ne comportera pas de pilote ou d’astronaute professionnel à bord.
Pour mémoire, Space Adventures, basée en Virginie, a déjà organisé sans soutien gouvernemental huit voyages spatiaux vers l’ISS entre 2001 et 2009 avec des vaisseaux Soyouz. Six mois d’entrainement en Russie avait été nécessaires pour chacun des touristes de l’Espace. A l’époque, la NASA s’était fortement opposé à ces types de vols. Aujourd’hui, l’Agence a une position radicalement différente avec un plan en faveur du développement économique de l’orbite basse terrestre présenté en juillet 2019.

Maintenance Satellitaire en Orbite

Une deuxième vie pour le satellite Intelsat 901 grâce au MEV-1 de Northrop Grumman
Parabolic ArcSatellite TodaySpace News, 26 février 2020
Retiré en décembre 2019 après 19 ans de service, Intelsat 901, satellite de communication originellement en orbite géostationnaire mais à court de carburant, avait été placé sur une orbite cimetière 300 km plus haut, dans l’attente d’un amarrage avec le Mission Extension Vehicle-1 (MEV-1), lancé depuis le cosmodrome de Baïkonour (Kazakhstan) le 9 octobre 2019. L’amarrage a eu lieu avec succès le 25 février. L’événement est une première mondiale à plusieurs titres :

  • Premier rendez-vous de deux satellites commerciaux en orbite ;
  • Première mission d’extension de vie d’un satellite en orbite géosynchrone ;
  • Première jonction effectuée sur un satellite non-conçu pour ce genre de mission (photos et vidéos).

Le MEV-1 restera ainsi accroché à Intelsat 901 pendant 5 ans pour en assurer son contrôle d’attitude et d’orbite et ainsi prolonger d’autant les services de ce satellite de télécommunications. Grâce à ses propulseurs, la première mission du MEV-1 sera fin mars de repositionner Intelsat 901 en lieu et place d’Intelsat 907 pour une couverture des Amériques, de l’Afrique et de l’Europe via ses transpondeurs en bande C et ses faisceaux orientables en bande Ku. A l’issue, le MEV-1 placera définitivement Intelsat 901 sur une orbite cimetière, et pourra alors assurer une autre mission d’extension de vie d’un autre satellite.
Pour mémoire, les MEVs, combinaison de la plateforme du satellite de communication GEOStar et de plusieurs éléments du vaisseau cargo Cygnus de Northrop Grumman, sont conçus pour réaliser de multiples amarrages et désamarrages afin d’assurer un service d’extension de vie d’un total de 15 ans. Fort du succès de l’amarrage du MEV-1, Northrop Grumman, via sa filiale SpaceLogistics LLC, réfléchit pour revoir et raccourcir sa procédure d’accostage du futur MEV-2 (décollage prévu à bord d’une Ariane 5 en 2020) avec un autre satellite de la constellation Intelsat (identité non précisée). Ainsi, la jonction aurait lieu directement en orbite géostationnaire plutôt que sur une orbite plus élevée.
Northrop Grumman indique avoir l’ambition d’établir une flotte de satellites « manutentionnaires » multifonctions capables non seulement d’accroître la durée de vie des satellites mais également de fournir des changements d’inclinaison, des inspections, des réparations, des assemblages, etc. Ainsi, la société n’exclut pas de produire d’autres unités de ses MEVs mais se concentre d’ores et déjà sur un autre système nommé Mission Robotic Vehicle (MRV), un vaisseau-mère capable d’attacher de petits Mission Extension Pods (MEP) sur d’autres satellites (trois clients potentiels auraient déjà montré un intérêt dans ce produit).

La JAXA sélectionne Astroscale pour nettoyer l’Espace
Space News, 12 février 2020
Le contrat (montant non rendu public) donne jusqu’au 31 mars 2023 à Astroscale pour envoyer un véhicule chargé d’inspecter l’étage supérieur d’un lanceur japonais abandonné en orbite, puis effectuer sa désorbitation dans les trois années suivantes. Ce contrat s’inscrit dans le cadre du programme Commercial Removal of Debris Demonstration 2 (CRD2) de la JAXA. La société prévoit d’utiliser son vaisseau pour d’autres missions après avoir inspecté la fusée japonaise.
A noter qu’Astroscale prévoit de lancer son véhicule End-of-Life Service by Astroscale-demonstration (ELSA-d) au deuxième semestre 2020 à bord d’un Soyouz. Le démonstrateur sera capable d’identifier et de capturer des débris avant de se désorbiter avec eux.
Pour mémoire, Astroscale, après avoir levé 140 M$ depuis sa création en 2013, emploie une centaine de salariés répartis entre le Japon, Singapour, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°19-36.

Télécommunications

5G : la FCC prévoit 9,7 Md$ en incitations financières tandis qu’Intelsat, insatisfait, prononce la dissolution de la C-Band Alliance
Space News, 20 février 2020
Space News, 28 février 2020

La FCC a confirmé qu’elle allait mener des enchères publiques en décembre prochain pour libérer 280 MHz de fréquences en bande-C au profit du déploiement des technologies 5G. D’aucuns estiment que cette enchère générera entre 30 Md$ et 77 Md$. Comme annoncé début février, la FCC s’est engagé à redistribuer 9,7 Md$ en incitations financières aux opérateurs de satellites Intelsat (4,85 Md$), SES (4 Md$) et Telesat (1 Md$), auxquels s’ajoutent 3 à 5 Md$ en frais de relocalisation estimés par la FCC pour accélérer le déploiement de la 5G.
L’engagement de la FCC a été loué par les opérateurs SES et Telesat, ainsi que par plusieurs membres du Congrès, mais a été critiqué par d’autres membres pointant une incertitude quant à la légalité de la procédure. Ainsi, les sociétés ABS Global, Hispasat et Embratel Star One, agissant ensemble au travers de l’alliance « Small Satellite Operators », ont d’ores et déjà indiqué leur intention d’attaquer la FCC en justice. Par ailleurs, Intelsat a dissout la C-Band Alliance (Intelsat, SES et Telesat), et fait dorénavant cavalier seul auprès de la FCC afin de réclamer un montant supérieur à celui proposé, de l’ordre de 5,8 à 6,5 Md$. Cette décision intervient le lendemain d’une prise de participation à hauteur de 7,4 % du fonds d’investissement Appaloosa ayant indiqué qu’à défaut d’incitations financières plus intéressantes, la société Intelsat n’aurait d’autre choix que de recourir à une procédure de liquidation et attaquer la FCC en justice pour protéger ses actifs d’une modification illégale. Suite à cette décision, le cours d’Intelsat a brusquement augmenté de 25 %. Un optimisme des investisseurs qui éclipse les résultats inquiétants d’Intelsat en 2019, avec un chiffre d’affaires de 2,06 Md$ pour une perte nette de 913 M$. En outre, la société prévoit des budgets pour la construction de cinq nouveaux satellites d’ici 2022, dont un satellite déjà commandé auprès de Northrop Grumman (Galaxy-30) et un satellite en cours de construction par Maxar Technologies (Intelsat-40e).
La société SES a quant à elle répondu le 20 février à Intelsat en présentant sa déception et a évoqué la possibilité d’attaquer Intelsat en justice : « SES is disappointed by Intelsat’s eleventh-hour attempt to renounce its commitments made to other [C-Band Alliance] members and the Commission over the course of this proceeding, in aid of a transparent and egregious attempt to capture a greater share of the proposed accelerated relocation payments, […] Having worked collaboratively for a long period of time on this project, this sudden and recent change in direction by Intelsat is both disappointing and not legally compliant, [SES] will hold Intelsat responsible under its commitments. »

Astranis lève 90 M$ supplémentaires pour son premier petit satellite géostationnaire
Space News, 13 février 2020
La société Astranis, fondée en 2015 et basée à San Francisco, a levé 90 M$ dans le cadre d’une levée de fonds de Série B pour financer son premier satellite géostationnaire de petite taille (350 kg) destiné à fournir une connexion internet à l’Alaska depuis l’orbite géostationnaire. La société a annoncé en août dernier qu’elle comptait lancer son premier petit satellite d’ici la fin de l’année 2020 en charge utile secondaire à bord d’un Falcon 9 de SpaceX depuis Cap Canaveral.
La société a en outre indiqué qu’elle comptait se spécialiser dans une gamme unique de satellites de 350 kg dans le but de standardiser les modèles de production et accélérer les développements, avec comme objectif final un délai de construction de six mois par satellite. Astranis se positionne à la fois comme producteur de satellites et fournisseur de solutions de télécommunications « clé en main » en louant des capacités sur les satellites opérés par l’entreprise.
La société a levé au total quelque 108 M$ à ce jour.

Navigation et Positionnement

Un décret présidentiel pour renforcer la protection des infrastructures américaines dépendantes du GPS
Space News, 12 février 2020
Satellite Today, 13 février 2020

Le décret Strengthening National Resilience Through Responsible Use of Positioning, Navigation and Timing Services, promulgué par le Président Trump le 12 février incite les départements et agences fédérales à améliorer la sécurité et la résilience des services et infrastructures dépendants du GPS, en adoptant des mesures pour gérer tout risque de perturbation ou de manipulation des secteurs qui reposent sur cette technologie.
Le National Insitute of Standards and Technology du Département du Commerce sera en charge de développer les standards en matière de cybersécurité des systèmes PNT (Position, Navigation, Timing). L’agence est d’ores et déjà en charge du développement de standards en cybersécurité et pour les services de navigation s’appuyant sur les réseaux de télécommunications commerciaux grand public.
Pour mémoire, le GPS, système de positionnement géré par le Département de la Défense américain, est constitué de 31 satellites.

Connaissance de l’Environnement Spatial

Le Département du Commerce réclame 15 M$ pour poursuivre ses efforts en matière de connaissance de l’environnement spatial (SSA)
Space Policy Online, 12 février 2020
Space News, 16 février 2020
Space Policy Online, 20 février 2020

Dans le cadre d’une audition tenue par la commission Commerce du Sénat et d’une audition tenue par la commission Science, Espace et Technologie de la Chambre des Représentants, les 11 et 12 février 2020, Kevin O’Connell actuel Directeur du Office of Space Commerce, a détaillé sa requête budgétaire de 15 M$ en 2021 (à comparer au budget de 2,3 M$ alloué en 2020) pour poursuivre les efforts de son bureau au sein du Department of Commerce dans le domaine de la connaissance de l’environnement spatial (Space Situationnal Awareness).
A l’heure actuelle, le Département de la Défense américain a la charge surveiller l’espace et de prévenir les opérateurs de satellites et les agences gouvernementales des risques de collisions. Depuis plusieurs années, le Département de la Défense tente de transférer cette responsabilité à un autre département (celui du Transport ou du Commerce) pour pouvoir se concentrer sur les besoins de la Défense. Durant l’Administration Obama, la FAA avait été sélectionnée pour prendre le relais, mais la Space Policy Directive 3 promulguée par le Président Trump en juin 2018 a désigné le Département du Commerce pour assurer ce rôle. 
Dans ce contexte, le Secrétaire au Commerce Wilbur Ross a désigné l’Office of Space Commerce (intégré à la NOAA) pour prendre cette responsabilité en souhaitant le faire évoluer en un Bureau of Space Commerce élargi sous sa responsabilité directe. Pour le moment, le Congrès n’a approuvé ni la création de ce nouveau bureau, ni le transfert des responsabilités SSA de la Défense, vers le Département du Commerce.
Par ailleurs, dans le cadre de la loi d’appropriations finale pour l’exercice 2020, le Congrès a refusé la proposition de W. Ross de fusionner l’Office of Space Commerce et l’Office of Commercial Remote Sensing Regulatory Affairs (CRSRA) en un bureau unique sous la responsabilité du Secrétaire au Commerce et combiner leurs budgets respectifs de 1,8 M$ en un budget unique de 10 M$. Le projet de loi Space Frontier Act du Sénateur Ted Cruz prévoyait d’approuver ces deux éléments mais n’a pas passé la Chambre. Le même projet de loi a été réintroduit au Sénat par Ted Cruz l’année dernière. Il a été approuvé par la commission Commerce du Sénat en avril mais n’a pas avancé depuis.
Malgré tout, l’Office of Space Commerce de Kevin O’Connell poursuit ses travaux dans le cadre de la Space Policy Directive-3 avec des budgets limités, en se se concentrant sur la création d’un Open Architecture Data Repository (OADR) qui à terme fournira des alertes de collisions aux acteurs commerciaux et internationaux.
Pour mémoire et en illustration de la situation, le 29 janvier, deux satellites américains hors d’usage sont passés très près (moins de 10 mètres) d’une collision à une vitesse relative de 15 km/s. Selon O’Connell, cet évènement n’était qu’une occurrence parmi cinq autres ce même jour.

L’U.S. Space Force octroie un contrat de 1,2 Md$ à L3 Harris pour les systèmes de surveillance de l’espace
Space News, 29 février 2020
Le 25 février, le Space and Missile Systems Center de l’U.S. Space Force a octroyé un contrat d’une valeur de 1,2 Md$ sur une période de dix ans pour maintenir et moderniser le réseaux de capteurs militaires dédiés à la surveillance de l’espace. Le contrat s’inscrit dans le cadre d’un nouveau programme dénommé « MOSSAIC » (Maintenance Of Space Situational Awareness Integrated Capabilities) dédié au suivi des objets spatiaux. Il prend le relais d’un contrat que L3 Harris mettait en œuvre depuis 2002 pour maintenir le réseaux de télescopes dédiés à la surveillance des objets géostationnaires de l’U.S Air Force « Ground-based Electro-Optical Deep Space Surveillance System » (GEODSS).
Avec la mise en place de l’U.S. Space Force, trois sites du GEODSS ont été placés sous la responsabilité de la nouvelle branche militaire américaine : Diego Garcia dans l’Océan Indien, le White Sands Missile Range au Nouveau-Mexique et Maui à Hawaii. Par ailleurs, le Space and Missile Systems Center prévoit d’ouvrir deux sites GEODSS supplémentaires en Espagne et en Australie.

Tourisme Spatial

Virgin Galactic reporte le début des activités commerciales du SpaceShipTwo à l’année prochaine
Space News, 25 février 2020
Parabolic Arc, 26 février 2020

Dans le cadre d’une conférence avec les actionnaires, Virgin Galactic a laissé entendre que le début des activités commerciales de tourisme spatial à bord du vaisseau SpaceShipTwo Unity pourrait être reporté à nouveau. A ce jour, l’entreprise prévoyait d’effectuer un vol inaugural emportant Richard Branson le jour de son 70ème anniversaire en juin 2020, puis de lancer ses activités commerciales au deuxième semestre 2020 avec une estimation de 16 vols avant la fin d’année. George Whitesides, Directeur Général de Virgin Galactic, a finalement indiqué qu’il n’y aurait que peu, sinon aucun, vols commerciaux avant la fin de l’année, à l’exception de celui destiné à emporter Richard Branson. L’entreprise entend se concentrer sur la finalisation de la campagne de test du SpaceShipTwo, l’optimisation de l’expérience client (incluant la programmation d’évènements en amont et à la suite des vols), et la préparation du vaisseau pour des opérations à long-terme et à haute cadence. 20 des 29 étapes critiques du programme de certification mené conjointement avec la FAA ont été complétées en vue des vols commerciaux.
Virgin Galactic a également fait état de sa situation financière pour la première fois devant ses actionnaires. L’entreprise affiche une perte de nette de 211 M$ en 2019, pour un chiffre d’affaires de 3,8 M$ (grâce à l’emport de charges utiles pendant les vols tests). Les dépenses totales de Virgin Galactic depuis les premiers développements en 2004 ont dépassé 1 Md$. Virgin Galactic a également annoncé qu’elle comptait rouvrir la billetterie pour une nouvelle salve de clients avec toutefois un prix unitaire plus élevé que les précédents billets à 250 k$. L’entreprise projette de générer des bénéfices brutes de l’ordre de 275 M$ en 2023.

SpaceX s’associe à Space Adventures et Axiom pour envoyer des touristes dans l’espaceRetour ligne automatique
Cf. Station Spatiale Internationale et Vol Habité en Orbite Basse

Lune et Cis-Lunaire

La NASA souhaite envoyer le rover VIPER sur la Lune en 2023 grâce au programme CLPS
Space News, 26 février 2020
La NASA a sollicité les 14 entreprises sélectionnées dans le programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS) afin d’acheminer le Volatiles Investigating Polar Exploration Rover (VIPER) sur le pôle sud de la Lune d’ici 2023.
VIPER doit analyser la présence et la concentration d’eau à la surface de la Lune en vue des futures missions lunaires. Une revue de conception préliminaire est prévue en avril 2020.
A noter que la NASA a requis 67,5 M$ pour VIPER dans sa proposition budgétaire pour l’année fiscale 2021 (le coût total de la mission est estimé à 250 M$).
Article connexe publié précédemment : Bulletin d’actualité Espace n°20-01.

La NASA choisit Rocket Lab pour lancer un nano-satellite vers la Lune
Parabolic Arc, 14 février 2020
Dans le cadre du programme Small Spacecraft Technology de la NASA, l’agence spatiale américaine a octroyé un contrat de 9,95M$ à Rocket Lab pour fournir les services de lancement du nano-satellite CAPSTONE (Cislunar Autonomous Positioning System Technology Operations and Navigation Experiment). Ce nano-satellite, construit par Advanced Space et Tyvak, aura pour objectif de mener une démonstration de navigation avec le Lunar Reconnaissance Orbiter de la NASA et d’étudier les caractéristiques de l’orbite de “halo” hautement écliptique qui sera utilisée par la station Gateway dans le cadre du programme d’exploration lunaire Artemis.
Le petit satellite d’une vingtaine de kilogrammes sera lancé début 2021 par un lanceur Electron depuis le nouveau pas de tir de Rocket Lab situé au sein du port spatial de Wallops Island en Virginie. Une fois en orbite basse, l’Electron déploiera sa nouvelle plateforme spatiale Photon laquelle propulsera CAPSTONE sur une orbite d’injection lunaire. Après un voyage de trois mois en injection lunaire, CAPSTONE allumera son système de propulsion pour s’insérer en orbite cis-lunaire. Il s’agira du deuxième lancement à destination de la Lune depuis Wallops.
L’agence spatiale a également alloué un montant de 13,7 M$ à Advanced Space et Tyvak pour le développement et le contrôle opérationnel du nano-satellite.

Artemis

Des contrats mais des retards pour Artemis
Space Policy Online, 1er mars 2020
A l’occasion du premier séminaire Lunar Surface Innovation Consortium de la NASA au Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory, l’Administrateur Associé de la NASA, Steve Jurczyk, a apporté des éléments d’information au sujet du programme d’exploration humaine de la Lune Artemis. Il a notamment indiqué, que le premier vol cislunaire sans équipage du dyptique SLS/Orion (mission Artemis-1) n’aura lieu au plus tôt qu’au deuxième semestre 2021. Le corps central du premier SLS a récemment été acheminé au Stennis Space Center de la NASA dans le Mississippi en vue d’un test de mise à feu statique complet appelé « Green Run ». Boeing et la NASA prévoient de transférer le corps central du SLS au Kennedy Space Center. D’ici la fin de cet été une fois le Green Run réalisé avec succès, pour l’intégration finale avec les autres éléments du SLS et Orion. Steve Jurczyk a également indiqué que la NASA comptait octroyer les premiers contrats pour l’alunisseur d’Artemis (Human Landing System – HLS) dans les semaines à venir. En septembre dernier, la NASA avait publié un appel d’offres avec des réponses rapides attendues pour le 5 novembre. Plusieurs répondants ont fait part publiquement de leurs propositions, notamment Boeing prévoyant un alunisseur lancé par SLS, Blue Origin en partenariat avec Draper, Northrop Grumman et Lockheed Martin, et Dynetics en partenariat avec Sierra Nevada Corporation. D’aucuns estiment que SpaceX a également répondu à l’appel d’offres mais n’a pas confirmé ou infirmé. En outre, Steve Jurczyk a indiqué qu’une fois les contrats d’études alloués, les entreprises n’auront que trois mois durant lesquels la NASA enverra 50 employés auprès de chaque entreprise pour identifier les spécificités nécessaires à leurs systèmes. En cas de désaccord la NASA imposera ses spécifications.
Enfin, Steve Jurczyk a annoncé que l’Administrateur de la NASA Jim Bridenstine présentera sous peu les plans de la NASA pour la Phase 2 du programme Artemis visant à établir une présence durable sur la surface de la Lune avec l’aide des partenaires internationaux et commerciaux à partir de 2024. D’aucuns s’attendent à ce que Jim Bridenstine présente cette deuxième phase dans le cadre de la 7ème réunion du National Space Council programmée le 24 mars.
Pour mémoire, dans le cadre de la requête budgétaire présidentielle pour l’exercice fiscal 2021, la NASA a demandé un budget de 25,2 Md$ (en hausse de 12 % par rapport à 2020), avec notamment près de la moitié du budget (12,4 Md$) dédié à Artemis. Sur les cinq prochaines années (2021-2025), la NASA projette de dépenser plus de 21 Md$ pour l’alunisseur d’Artemis, et un total de 71 Md$ pour Artemis.

Mars

La NASA va envoyer deux micro-satellites autour de Mars pour étudier son atmosphère
Parabolic Arc, 1er mars 2020
La mission sélectionnée dans le cadre du programme SIMPLEx (Small Innovative Missions for Planetary Exploration) vise à envoyer deux micro-satellites jumeaux nommés EscaPADE (Escape and Plasma Acceleration and Dynamics Explorers) en orbites complémentaires autour de Mars afin d’étudier les interactions entre l’atmosphère de Mars, son champ magnétique et les vents solaires.
Le lancement est prévu en juillet 2022 en passager secondaire de la sonde d’exploration d’astéroïdes Psyche à bord d’un Falcon Heavy de SpaceX depuis Cap Canaveral.
Pour mémoire, le programme SIMPLEx couvre des missions d’exploration planétaire à bas coût s’appuyant sur des sondes de moins de 180 kg.

Exploration Habitée

Qualification quasi-complète du système d’interruption au lancement de la capsule Orion
Parabolic Arc, 26 février 2020
Le Launch Abort System (LAS) a pour fonction de mettre l’équipage en sécurité au cas où le Space Launch System aurait un problème lors du décollage ou de sa phase d’ascension dans le cadre des missions habitées d’Artemis. Il est composé de trois moteurs :

  • Le moteur d’interruption (abort motor) dont le rôle est d’éjecter la capsule habitée du véhicule de lancement : deux des trois essais ont déjà été réalisés avec succès (Ascent Abort-2) ;
  • Le moteur de contrôle d’attitude (Attitude Control Motor-ACM) destiné à diriger la capsule habitée pendant toute la phase d’interruption : construit par Northrop Grumman, l’ACM a été qualifié le 25 février à l’issu de son troisième et dernier test de 30 secondes ;
  • Le moteur de largage (jettison motor) dont le rôle est de séparer le LAS de la capsule Orion avant le déploiement du parachute : déjà qualifié.

Exploration et Sciences de l’Univers

La NASA sélectionne quatre projets pour des missions potentielles d’exploration du Système Solaire
Parabolic ArcSpace Policy Online, 13 février 2020
Space News, 14 février 2020

L’agence spatiale américaine a choisi quatre projets finalistes pour des études préliminaires dans le cadre de la prochaine salve de missions du programme d’exploration du Système Solaire Discovery (petites missions d’exploration plafonnées à 500 M$ par mission, hors lancement et exploitation). Chacun des quatre projets recevra un montant de 3 M$ pour mener des études conceptuelles dites « Phase A » pendant une période de neuf mois. A l’issue de cette période, la NASA sélectionnera deux des quatre projets en vue de développements complets, pour des lancements à horizon 2025-2026 et 2028-2029.
Les quatre projets sélectionnés par la NASA en Phase A sont :

  • DAVINCI+ (Deep Atmosphere Venus Investigation of Noble gases, Chemistry, and Imaging Plus) : cette sonde analyserait l’atmosphère de Vénus dans le but de comprendre ses origines et son évolution et déterminer si Vénus a un jour disposé d’un océan. Le projet serait mené par le Goddard Space Flight Center de la NASA. La dernière mission in-situ de Vénus des Etats-Unis remonte à 1978 ;
  • Io Volcano Observer (IVO) : cette sonde à destination de la lune volcanique de Jupiter, Io, serait chargée d’étudier son activité volcanique en menant plusieurs approches orbitales. La mission permettrait d’en apprendre davantage au sujet des effets des forces gravitationnelles sur la formation des corps planétaires rocheux. Le projet serait mené par l’Université d’Arizona en collaboration avec le Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory de l’Etat du Maryland ;
  • TRIDENT : la sonde Trident serait dédiée à l’exploration de Triton, lune gelée de Neptune hautement active. Se servant d’une unique approche, la sonde cartographierait Triton pour caractériser ses processus actifs et déterminer s’il existe un océan sous-terrain. Le projet serait mené par le Lunar and Planetary Institute en collaboration avec l’USRA (Universities Space Research Association) et le Jet Propulsion Lab (JPL) ;
  • VERITAS (Venus Emissivity, Radio Science, InSAR, Topography, and Spectroscopy) : la sonde VERITAS aurait pour objectif de cartographier la surface de Vénus afin de déterminer l’historique géologique de la planète et de comprendre pourquoi Vénus s’est développée si différemment de la Terre. En orbitant la planète avec un radar à synthèse d’ouverture, la sonde cartographierait les élévations de surface de l’ensemble de la planète pour créer une reconstruction topographique en trois dimensions. Le projet serait mené par le Jet Propulsion Lab (JPL).

Pour mémoire, les missions sélectionnées par la NASA dans le cadre de l’édition précédente du programme Discovery étaient les missions d’études d’astéroïdes Lucy et Psyche dont les lancements sont prévus respectivement en 2021 et 2023.

Sélection par la NASA de 18 petits satellites de recherche
Parabolic Arc, 21 février 2020
Répondant à l’appel à projet de la NASA d’août 2019 du programme CubeSat Launch Initiative (CSLI), ces petits satellites seront développés par des établissements académiques, des organisations à but non-lucratif et des centres de la NASA. Ils bénéficieront d’opportunités de lancements en tant que charges utiles auxiliaires du programme Educational Launch of Nanosatellites (ELaNa) (lancements prévus en 2021, 2022 et 2023). A ce jour, ce programme a permis de lancer plus de 100 cubesats par des lanceurs ou depuis la Station Spatiale Internationale.

  • Realistic Electron Atmospheric Loss (REAL) de Dartmouth College (Hanover, New Hampshire) : mesure de la radiation des particules de la ceinture de Van Allen ;
  • NanoSat Atmospheric Chemistry Hyperspectral Observation System (NACHOS) du Los Alamos National Laboratory (Los Alamos, Nouveau-Mexique) : démonstrateur technologique d’un imageur hyperspectral ultra-compact et de haute résolution capable de surveiller la combustion d’énergie fossile et les émanations passives de gaz des volcans ;
  • CubeSat Radio Interferometry Experiment (CURIE) de l’University of California (Berkeley, Californie) : détermination des emplacements et de l’envergure des régions émettrices de sursauts radio créés par les éruptions solaires dans l’héliosphère interne, puis suivi de leur déplacement au-delà ;
  • QubeSat de l’University of California (Berkeley, Californie) : caractérisation les effets du vide spatial sur les gyroscopes quantiques ;
  • BAMA-1 de l’University of Alabama (Tuscaloosa, Alabama) : essai en vol d’un module de freinage avec trainée atmosphérique pour désorbiter un satellite ;
  • IMpulsive Phase Rapid Energetic Solar Spectrometer (IMPRESS) de l’University of Minnesota (Minneapolis, Minnesota) : étude de l’accélération des particules dans les éruptions solaires grâce à un spectromètre à rayon X de la National Science Foundation ;
  • Satellite for Optimal Control and Imaging (SOC-I) de l’University of Washington (Seattle, Washington) : démonstration d’un schéma expérimental de contrôle d’attitude en orbite ;
  • BeaverCube II du Massachusetts Institute of Technology (Cambridge, Massachussetts) : mission éducative pour apprendre à des lycéens à concevoir un cubesat emportant deux imageurs infrarouges capables de mesurer les propriétés des nuages, la température de surface et la couleur des océans ;
  • MAXWELL de l’University of Colorado (Boulder, Colorado) : démonstration d’une communication descendante haut débit sur la bande X d’un cubesat ;
  • IRVINE04 de l’Irvine CubeSat STEM Program (Californie) : mission éducative pour détecter les radiations beta et gamma via un dosimètre et observer dans un Bio-Module le développement de la bactérie Sulfurovum sp. plus habituée aux cheminées hydrothermales au fond des océans pour grandir ;
  • MESAT-1 de l’University of Maine (Orono, Maine) : mission éducative composée des charges utiles ALBEDO (étude de l’impact de l’albedo), IMAGER (étude d’un outil à bas coût de télédétection des estuaires côtiers) et HAB (étude des conséquences de la prolifération algale sur la température atmosphérique et le taux de vapeur d’eau dans l’atmosphère locale) ;
  • OwlSat de Rice University (Houston, Texas) : analyse de la relation entre l’activité solaire et les couches basses de l’atmosphère terrestre et mesure des radiations ultraviolettes extrêmes émanant du Soleil pour étudier l’impact sur la dégradation des objets en orbite ;
  • CubeSat Laser Infrared Crosslink (CLICK B/C) du Ames Research Center (Moffett Field, Californie) en partenariat avec le Massachusetts Institute of Technology (Cambridge, Massachusetts) et l’University of Florida (Gainesville, Floride) : déploiement d’une formation de deux cubesats 3U (construits par Blue Canyon Technologies) distants de 580 km pour démontrer l’envoi et la réception simultanés de signaux optiques et laser ainsi que la mesure précise de leur distance et positions l’un par rapport à l’autre ;
  • Pathfinder Technology Demonstration (PTD-3) du Ames Research Center (Moffett Field, Californie) : démonstration d’un système de communication laser capable d’envoyer 10 térabits de données par jour aux stations-sol depuis l’orbite basse terrestre ;
  • Starling du Ames Research Center (Moffett Field, Californie) : déploiement d’une formation de plusieurs cubesats 6U identiques (construits par Blue Canyon Technologies) pour tester de multiples technologies décentralisées, comme la mise en réseau flexible de centaines d’objets dans l’espace, les opérations autonomes réactives permettant au vaisseau de se reconfigurer en réponse à une donnée d’un capteur externe, l’expérience de navigation optique relative de Stanford University ;
  • TechEdSat-12 du Ames Research Center (Moffett Field, Californie) : essai de plusieurs technologies

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Ambassade de France aux États-Unis d’Amérique
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