Deux nouveaux concours reposant sur des concepts particulièrement innovants montrent l’engouement actuel de l’écosystème entrepreneurial américain pour les technologies propres.
La semaine dernière, la fondation Kauffman [1], mainte fois citée dans nos articles pour son engagement dans la promotion de l’entrepreneuriat et de l’innovation, s’est associée avec l’organisation "Clean Tech Open" [2] afin de proposer un concours favorisant la création d’entreprises dans les technologies propres. Cette récente initiative, qui a l’ambition de créer 100.000 emplois dans le domaine, fait suite à une série d’autres programmes et concours qui visent à favoriser l’innovation, l’entrepreneuriat et les investissements dans les technologies vertes.
Créée en 2006, "Clean Tech Open" est une organisation à but non lucratif qui s’appuie sur un réseau de quelques 400 volontaires entrepreneurs, enseignants-chercheurs et investisseurs. Ils travaillent ensemble pour accélérer le développement des jeunes pousses technologiques. Concrètement, ils fournissent ressources, éducation et soutien aux entrepreneurs souhaitant se lancer dans les technologies propres. Les principales activités du groupe sont de trois types: une compétition annuelle de plan d’affaires, de l’accompagnement (mentoring) d’entrepreneurs, des workshops-ateliers et des symposiums divers.
L’initiative, soutenue par la fondation Kauffman pour lui donner plus d’ampleur, lance un défi de taille aux entrepreneurs, capitaux-risqueurs, agences fédérales, universités et organisations non gouvernementales, à savoir : créer 100.000 emplois dans les technologies propres dans les cinq prochaines années.
L’explosion récente de projets dans ce domaine est, de façon générale, considérée comme très positive. Elle engendre cependant deux problématiques en termes de création pour les entrepreneurs. En premier lieu, les chercheurs et ingénieurs "verts" qui choisissent de commercialiser les fruits de leurs recherches en montant une start-up sont pour leur grande majorité des entrepreneurs novices. A l’opposé, une plus forte proportion des aficionados de l’Internet ou de l’informatique n’en est pas à ses débuts entrepreneuriaux. En second lieu, les "serial entrepreneurs", qui se lancent dans les technologies propres, plongent bien souvent pour la première fois dans un domaine nouveau à la suite d’expériences antérieures, émigrant notamment des biotechnologies et surtout des STIC. Naturellement les modèles de développement ou d’affaires dans ces secteurs sont totalement différents de ceux des technologies vertes.
Ce mouvement de talents et d’investisseurs vers le nouvel "el dorado vert" s’exprime particulièrement dans la Silicon Valley. Ainsi, ces entrepreneurs, qu’ils soient "serial entrepreneurs" venant d’une autre discipline ou bien experts en énergies propres, ont cruellement besoin de soutien afin de développer leurs idées. C’est exactement ici que le "Clean Tech Open’s 100K Jobs Challenge" trouve toute sa valeur : connecter spécifiquement les porteurs "d’idées vertes" avec les ressources et les personnes nécessaires au développement d’entreprises viables.
Le concours récompense les gagnants à deux niveaux. Tout d’abord, une sélection s’opère au niveau régional, où douze projets reçoivent des prix de 50.000 et 100.000 dollars. Ensuite, ces vainqueurs rivaliseront pour un prix national de 250 00 dollars. Les lauréats participeront également au "Clean Tech Accelerator Program", qui leur donnera une formation pratique sur tous les aspects importants du développement de jeunes pousses dans les technologies propres. Au total, c’est un financement de plus d’un million de dollars qui récompensera les meilleures jeunes pousses. Les sponsors parrains et financeurs du "Clean Tech Open" qui fournissent cette somme sont principalement le Ministère de l’énergie (DOE – Department of Energy), et des donateurs privés (principalement "Pacific Gas and Electric Company – PG&E" et Google) en tête.
Une autre initiative tout à fait intéressante a fait son apparition cette année. Un pionnier de l’Internet vient en effet de lancer un concept très innovant afin de favoriser les investissements dans les "innovations vertes". La société d’investissement "Prize Capital" a en effet lancé un concours récompensant les meilleures idées pour des compétitions de développement de technologies propres. Ainsi, le concours "Crazy Green Idea", a remis 25.000 dollars à deux étudiants de l’Université de Californie à Irvine, pour leur idée de concours "the capacitor challenge" qui promeut le développement de nouveaux moyens de stockage d’énergie par les ultracapaciteurs. Au total, 133 propositions de prix ont été recueillies lors du "Crazy Green Idea".
Mais l’innovation la plus intéressante apportée par "Prize Capital" se trouve en réalité dans le modèle d’investissement que la société déploie pour financer les projets du concours sélectionné. L’approche novatrice de "Price Capital" consiste à réunir les fonds de différents investisseurs partenaires à but non lucratif, et d’investir non pas dans un seul gagnant du concours mais dans l’ensemble des participants. Ces derniers, afin d’assurer leur crédibilité et de fournir un retour sur investissent aux partenaires ont trois solutions. Soit ils paient directement des frais de participation, soit ils versent une part des royalties obtenues par l’entreprise en cas d’accord de licence sur sa technologie. Dernière possibilité : ils accordent à "Prize Capital" une part prédéfinie de son investissement en cas de rachat ou d’introduction en bourse de l’entreprise.
Ces fonds sont ensuite reversés aux investisseurs partenaires. Le cas échéant, "Prize Capital", à la différence d’une société de capital risque traditionnelle, reste un investisseur "passif" et ne joue aucun rôle dans les décisions stratégiques relatives à l’entreprise. Ce modèle d’investissement, qui consiste en résumé à miser sur l’ensemble des participants pour être certain de gagner, fait l’objet d’un brevet dont "Prize Capital" est le détenteur [3].
Il est clair que les investissements à risque sont encore trop limités dans le domaine des technologies propres. De trop nombreuses innovations de ruptures effraient les investisseurs, particulièrement prudents en ce moment. Mais ces deux initiatives montrent le double dynamisme du secteur qui en plus d’être le domaine des sciences et technologies le plus porteur du moment, permet à de nouveaux modèles entrepreneuriaux d’émerger. Certains voient déjà dans ce mouvement un espoir de sortie de crise et de relance du pays.
Source :
"Kauffman Foundation Partners with Clean Tech Open to Help Advance Green Technologies", fondation Kauffman, 19 mars 2009, https://www.kauffman.org/newsroom/kauffman-foundation-partners-with-clean-tech-open-to-help-advance-green-technologies.aspx
Pour en savoir plus, contacts :
– [1]: Fondation Kauffman : https://www.kauffman.org
– [2]: Clean Tech Open Competition : https://www.cleantechopen.com/competition.php?page=home
– [3]: US Pat. 11857677, "Investment Model for Formation of Capital and Value Creation"
Code brève
ADIT : 58408
Rédacteur :
Yann Le Beux, [email protected]